Idées reçues sur l’éolien

1. L’éolien, une énergie subventionnée et payée par le consommateur.

Vrai

Les énergies renouvelables sont en cours de structuration. Leur développement justifie une intervention de l’Etat soit en amont dans le domaine de la recherche et du développement, soit en phase d’industrialisation en soutien à la demande et au déploiement commercial (par le biais de tarifs de rachats ou d’appels d’offres).

Pour chaque filière, les tarifs d’achat ont vocation, conformément à la loi, à assurer une rentabilité normale aux capitaux investis et sont revus périodiquement afin de rester en adéquation avec la maturité de la filière et la baisse des coûts de production.

2. Les éoliennes terrestres ne profitent qu’aux industries étrangères.

Faux

Au niveau national, 150 entreprises françaises sous-traitants actifs ou potentiellement actifs dans l’éolien ont été recensées 4. 8500 emplois sont liés, en France, au développement de l’éolien.

Dans la région Pays de la Loire, des entreprises se sont positionnées avec succès sur le secteur de l’éolien terrestre : Rollix Defontaine en Vendée (couronnes d’orientation), Météodyn à Nantes (logiciels de modélisation du vent), Net Wind en Sarthe (maintenance des parcs éoliens),…

L’installation d’un parc éolien ne se limite en outre pas à la commande d’une machine : travaux d’aménagement, de logistique, de raccordement électrique. Ces prestations peuvent (et sont assurées en majorité dans notre région) par des entreprises locales ou françaises.

Autour des parcs éoliens peuvent se créer des initiatives touristiques (exemples de Bouin, Saint-Michel-Chef-Chef, Derval,…).

Des filières de formation se développent, par exemple celle du GRETA au Mans, notamment spécialisée dans la maintenance des parcs éoliens.

Enfin, le développement de savoir-faire et de marchés pour l’éolien terrestre permet aux entreprises de se préparer pour l’éolien offshore. De grands groupes français (EDF EN, Alstom, Areva, GDF Suez, STX,…) se sont clairement positionnés sur ce dernier marché.

3 . Les éoliennes servent surtout les intérêts financiers des promoteurs.

Faux

La CRE (commission de régulation de l’énergie) a estimé que la rentabilité des projets éoliens est moyenne, voire faible, avec un facteur de charge de l’ordre de 2000 heures équivalent par an.

Par ailleurs, les citoyens peuvent participer au financement des énergies renouvelables via des mécanismes d’investissement participatif (comme c’est le cas par exemple pour le parc éolien de Sévérac- Guenrouët en Loire-Atlantique) à travers notamment le fonds Energie partagée.

4. Les éoliennes ne tournent qu’un quart du temps.

Faux

On considère qu’une éolienne tourne environ 90% du temps, à des régimes variables (fonction du vent). En moyenne, la quantité d’énergie qu’elle produit est équivalente à celle qu’elle produirait si elle ne fonctionnait que 2200 h (soit le quart d’une année) à pleine puissance.

5. Les éoliennes ne produisent pas en hiver, saison correspondant à la période de forte consommation électrique.

Faux en approcche globale

Selon les relevés de RTE, la production éolienne est globalement plus importante en hiver.

Selon les informations de cet organisme, il n’a pas été constaté d’association significative entre faibles températures saisonnières et faible production éolienne. Ainsi, la production éolienne au cours des vacances de Noël de 2012 a été particulièrement bonne (avec un record de production le 27 décembre 2012) et a permis de limiter le recours aux centrales à charbon, fioul et gaz.

L’occurrence d’épisodes anticycloniques marqués par un grand froid et une faiblesse du vent ne doit cependant pas être écartée. Le fait que la France bénéficie de 3 régimes majeurs de vent non corrélés (façade atlantique, façade Manche-mer du nord, zone méditerranéenne) limite cependant les risques de non fonctionnement total et simultané des parcs éoliens.

Ce constat doit au demeurant être étendu au territoire européen qui constitue, grâce à l’interconnexion des réseaux, l’espace pertinent à considérer.

6. L’énergie éolienne n’évite pas la construction de centrales thermiques classiques.

Faux, mais à préciser

Le parc existant de moyens classiques de production d’électricité (dont font notamment partie les centrales thermiques au charbon et au fuel) est actuellement suffisant pour pallier le déficit temporaire que peut entraîner la défaillance ou l’indisponibilité des autres moyens de production (y compris nucléaires).

On peut toutefois faire remarquer que la baisse marquée annoncée du nucléaire dans la production d’électricité aura pour conséquence une forte montée en puissance des énergies renouvelables (dont l’éolien) mais pourrait également rendre nécessaire un renforcement des moyens thermiques classiques (gaz, voire charbon ?).

7. L’énergie éolienne n’évite pas le recours aux centrales thermiques classiques (existantes) ni en conséquence, les émissions de CO2 correspondantes.

A nuancer.

L’interconnexion des réseaux au niveau européen permet d’accéder en cas de besoin (notamment en cas d’épisodes de pointe sur le réseau et/ou de faiblesse temporaire de la production éolienne) à d’autres disponibilités énergétiques (l’hydroélectricité en Suisse, l’éolien en Allemagne, …), ce qui évite de solliciter le cas échéant des moyens de type centrales à charbon sur le territoire national. Le recours aux moyens de production les moins chers est en règle générale recherché. Le recours temporaire aux centrales classiques, même s’il ne peut être écarté, n’est donc pas automatique.

Point à souligner : globalement et sur une période annuelle, tout kWh produit par l’éolien n’est pas un kWh produit par les autres filières. Compte tenu de la forte proportion d’électricité produite à partir d’énergies fossiles en Europe, y compris en base, chaque kWh éolien produit en France (ou ailleurs sur le sol européen) vient donc en pratique se substituer, dans une grande partie des cas, à un kWh qui aurait été obtenu à partir de ces énergies. Ceci est donc bénéfique en termes de bilan global d’émissions de CO2.

8. Les parcs éoliens sont consommateurs d’espace.

A relativiser.

Globalement l’éolien est très peu consommateur d’espace (agricole, naturel,…). Les activités agricoles peuvent être maintenues entre les éoliennes en fonctionnement.

L’emprise au sol d’une éolienne est relativement réduite. Les fondations d’une éolienne (d’une profondeur de l’ordre de 3 m) occupent une surface au sol de 100 à

300 m² selon les modèles et les puissances. Cette emprise au sol est ramenée à moins de 100 m2 lorsque le chantier est terminé. Les fondations sont en effet recouvertes d’un empierrement puis de terre végétale (culture possible).

A cette surface d’environ 100 m2 doit être rajoutée la surface de la plate-forme, généralement empierrée, nécessaire aux opérations de grutage et d’entretien, comprise entre 500 et 1000 m2 pour chaque éolienne.

Une piste d’accès peut être créée pour atteindre les machines. Le plus souvent, les porteurs de projets utilisent les chemins agricoles existants. Ils doivent par ailleurs s’attacher à limiter les destructions de haies et à compenser les destructions inévitablement créées.

Il y a lieu de souligner que l’occupation des sols est limitée au cycle de vie des éoliennes, les sols pouvant ensuite retrouver leur usage. Au terme de l’exploitation du parc éolien, il y a obligation pour l’exploitant de remettre en état le site occupé par les installations.

9. Le démantèlement n’est pas garanti.

Faux

A l’issue du contrat d’achat de 15 ans, les éoliennes ne seront pas systématiquement démontées. Elles pourront continuer à produire et faire le cas échéant l’objet d’investissements permettant par exemple d’augmenter leur puissance unitaire («repowering »).

Les éoliennes font, au titre des ICPE, l’objet d’une garantie financière de 50 000 € par unité dès le début de la production, y compris pour les parcs installés avant la loi Grenelle 2.

Au terme de l’exploitation du parc éolien, au titre des ICPE, la remise en état du site imposée se traduit par :

– un démantèlement des éoliennes (y compris le système de raccordement au réseau) ;

– une excavation des fondations et un remplacement par des terres sur une profondeur minimale d’1 m (majorité des cas) pour notamment permettre des pratiques agricoles ;

– une remise en état par décaissement des aires de grutage et des chemins d’accès sur une profondeur de 40 cm et un remplacement par des terres (de caractéristiques comparables aux terres environnantes). Ces dispositions sont les plus sévères appliquées en la matière aux différentes filières de production d’énergie.

10. Les éoliennes sont source de nuisances sonores, ont des effets sur la santé et engendrent des risques d’atteinte à la sécurité.

Nuisances sonores :

Les éoliennes de moyenne et grande taille sont assujetties à la législation des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), dans le cadre de laquelle sont fixées les mesures propres à prévenir les impacts sur l’environnement et le voisinage : obligation générale d’implantation des éoliennes à plus de 500 mètres des zones destinées à l’habitation, niveau de bruit incident fixé par l’arrêté préfectoral d’autorisation (émergence de 3 dBA la nuit, 5 dBA le jour par rapport aux bruits résiduels), actions correctrices imposées si dépassement, ... Les machines font l’objet de perfectionnements techniques constants : diminution de la vitesse de rotation des pales, engrenages de précision silencieux, montage des arbres de transmission sur amortisseurs, capitonnage de la nacelle, …

Santé humaine :

Aucune donnée sanitaire disponible ne permet d’observer des effets sur la santé liés à l’exposition aux basses fréquences et aux infrasons générés par les éoliennes. Les effets stroboscopiques (ombres des pales en mouvement) peuvent parfois être gênants. Pour pallier ce type de nuisance, le dispositif ICPE permet par exemple de contraindre l’industriel d’arrêter les éoliennes à certaines heures de la journée en fonction de l’inclinaison du soleil.

Sécurité :

Les risques en matière d’atteinte à la sécurité restent très faibles. Ils sont analysés dans le cadre de l’étude de dangers (ICPE). La probabilité qu’un accident, tel que la ruine d’une machine ou l’éjection d’une partie de machine, entraîne une atteinte aux personnes ou des dommages aux biens de tiers est extrêmement faible, compte-tenu notamment de l’éloignement imposé des éoliennes par rapport aux zones habitées.

11. L’éolien est un mode de production décentralisé. L’électricité produite par un parc éolien est consommée localement.

En partie vrai

Si dans la plupart des cas, l’énergie éolienne terrestre est distribuée d’abord par le réseau à 20000 volts sur les lieux de consommation les plus proches, elle peut être acheminée vers des sites plus éloignés par le réseau de transport d’électricité (63 000 à 400 000 volts). Ceci est notamment le cas lorsque la quantité d’électricité produite est supérieure aux besoins des lieux de consommation les plus proches. En effet, lorsque le vent fait tourner les éoliennes, l’énergie produite doit obligatoirement être accueillie par le réseau.

Seule l’hypothèse d’un risque pour la sûreté du système électrique justifierait un arrêt des éoliennes.

Par ailleurs, du fait du caractère intermittent de ce moyen de production, dépendant du vent, il est nécessaire de prévoir une mutualisation avec d’autres sources d’énergie implantées sur des sites plus éloignés. C’est le réseau de transport d’électricité qui remplit ce rôle en acheminant l’électricité jusqu’aux lieux de consommation.

 

12. La production d’électricité d’un parc éolien couvre les besoins d’une petite ville.

Vrai

Un parc éolien de 12 MW, situé dans un environnement aux conditions de vent favorables, fonctionnant en équivalent 2200 heures par an à pleine puissance, produit 26 millions de kWh d’électricité par an. Un tel parc éolien couvre les besoins en consommation d’électricité d’environ 5000 foyers domestiques (tous usages électriques y compris chauffage).

13. Les français sont défavorables à l’éolien.

Majoritai-rement faux

Selon un sondage réalisé par TNS Soffres, l’énergie éolienne bénéficie d’une image globalement positive. 75 % des français voient des avantages dans le choix de l’éolien, contre 14 % surtout des inconvénients. Le caractère renouvelable de cette énergie et son faible impact environnemental sont mis en avant. Les principaux inconvénients attribués à l’éolien sont les pollutions visuelles et sonores.

 

 

Argumentaire DREAL – Pays de la Loire (Source : « Eolien terrestre : préjugés ou vérités. Quelques idées reçues – Eléments de réponse et commentaires  » Document édité par la DREAL Pays de la Loire, mars 2014)